Situé sur la 11e rue, aux abords d’un petit raccourci à travers bois reliant le foyer à nos deux résidences de la rue Lafontaine, le foyer a été rebaptisé « Le Sentier », en raison de sa localisation, mais également en référence au chemin de vie que l’on parcourt ensemble lorsqu’on vit en foyer à l’Arche. Césarine nous partage ici ses réflexions sur l’expérience qu’elle vit à titre d’assistante vivant en foyer depuis 5 ans, et plus particulièrement depuis les 2 dernières années avec ses compagnes du foyer le Sentier.

LE SENTIER

L’expérience du foyer de Sentier m’a donné l’occasion d’être plus proche des deux personnes accueillies et de beaucoup travailler sur nos compétences à nous trois pour mieux s’intégrer dans la quotidienneté de la vie du foyer. Mon rôle d’assistante et responsable d’un foyer avec 2 personnes seulement a été celui de favoriser l’autonomie des deux personnes accueillies enfin d’éviter la discontinuité des compétences apprises. Les deux personnes accueillies, chacune avec son rythme, s’approprie ses habitudes quotidiennes du lever au coucher et grâce à cela, la nouveauté perturbe moins parce qu’elles ont confiance en elles-mêmes et leurs gestes quotidiens. Partant de l’entretien quotidien de notre foyer à l’apprentissage culinaire et ou à la préparation de notre temps de spiritualité tous les soirs de la semaine, nous vivons à trois, chacun de ces moments avec responsabilité et le souci de bien-être de tous.

Le foyer du Sentier est aussi mon école de patience depuis le début et je suis toujours sur le banc de cette école. Une petite anecdote que je viens de vivre juste quelques jours passés qui me rappelle combien les personnes accueillies nous apprennent la vie. Je travaillais avec une personne pour qui suivre les consignes représente parfois tout un défi. A un moment, je l’ai posé la question de savoir ce que je pouvais faire pour qu’elle écoute mes consignes. Sa réponse a été directe. Elle m’a regardé droit dans les yeux et elle m’a dit : « je crois que pas grand’ chose ». Je me suis mis à rire toute la soirée et j’en ris encore aujourd’hui parce que, me connaissant bien, cette personne voulait simplement me dire : « détend toi et laisse-moi faire. Fais-moi confiance et crois en moi ». Peu importe ce qu’a été le résultat de notre travail, j’avais appris une leçon ce soir-là : faire toujours confiance. Peu importe le résultat final, c’est l’amour et l’assiduité avec lesquels les choses sont faites qui compte dans la vie avec les personnes accueillies.

Le Sentier est aussi pour moi un projet où les personnes accueillies apprennent à se connaitre et à se reconnaitre. En étant plus proches entre nous que dans les foyers ordinaires, nous vivons des situations qui stimulent l’apprentissage, la relation et la compréhension de nos compétences et qui visent la participation de chacune à la vie du foyer. Au Sentier, nous privilégions des activités faites ensemble : nettoyage, cuisine, liste d’épicerie, temps de spiritualité, avec une méthode qui reconnaît, améliore et encourage la créativité des personnes accueillies. L’idée c’est d’être plus coopératifs entre nous tout en laissant à la personne accueillie d’être responsable de ce qu’elle fait en lui faisant confiance, même s’il faut parfois suivre de loin au cas où il y a besoin d’aide.

De mon expérience du foyer nait souvent une question : Quelle vie de foyer pour l’assistant à l’Arche, aujourd’hui et pour l’avenir ?

C’est une question qui rebondit et traverse constamment mon cœur depuis ces 5 années d’expérience aux foyers de l’Arche Le Printemps. Confrontée à des défis souvent nouveaux et parfois pressants et exigeants, la vie d’assistant au foyer de l’Arche est plus qu’ordinaire car remplie des petites surprises de bien-être qui peuvent passer inaperçus si nous ne sommes ouverts à l’inconnu et ce qui, à première vue, peut paraitre étrange et étranger. Il suffit d’être attentif à chaque expression des personnes accueillies à travers la parole, le regard, le cri ou même un simple silence… pour découvrir la joie créative qui imprègne notre quotidien dans le foyer. Nous pouvons partir d’un moment difficile à un moment de croissance en humanité ; de la déception à la grande découverte de nos limites personnelles et à une occasion des fou-rires qui dans mon cas, perdure plusieurs jours car j’oubli difficilement mes belles expériences. Je reconnais que pour moi, la vie de foyer, grâce aux personnes accueillies, est vite devenue un des chemins de liberté, de joie, de fidélité, de fraternité et de dons apostoliques pour ma foi chrétienne. Merci à l’Arche pour ce don d’amitié sincère qui se vit dans la simplicité avec les personnes accueillies particulièrement.